Conférence sur l’océan: promouvoir des économies océaniques durables, un transport maritime durable et la résilience des populations côtières, en ne laissant personne de côté

Conférence sur l’océan: promouvoir des économies océaniques durables, un transport maritime durable et la résilience des populations côtières, en ne laissant personne de côté

TABLE RONDE 6 – NICE, FRANCE, 11 juin - Comment les gouvernements peuvent-ils intégrer des initiatives en faveur d’une économie océanique durable dans leurs cadres juridiques et institutionnels de gouvernance de l’océan?  Comment les pays en développement, en particulier les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays les moins avancés (PMA), peuvent-ils accéder aux ressources, aux financements et aux technologies nécessaires à une économie océanique durable et résiliente?  Et comment les partenariats public-privé et les outils de financement durable peuvent-ils être étendus pour répondre aux besoins de financement de l’économie océanique?  Telles sont quelques-unes des questions qui ont été soulevées lors de cette sixième table ronde organisée aujourd’hui dans le cadre de la Conférence sur l’océan qui se tient à Nice, en France.

« Du tourisme régénérateur dans les Caraïbes à l’autonomisation des entrepreneures du Pacifique, en passant par l’investissement dans une gouvernance responsable des pêches, les PEID et leurs partenaires donnent vie à une économie durable fondée sur l’océan », s’est réjoui le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Junhua Li. 

Toutefois, pour maintenir cette dynamique, les partenariats public-privé doivent s’accroître, notamment dans la pêche, l’aquaculture, le tourisme, le transport maritime et la production d’énergies marines renouvelables.  « La réalisation de l’ODD 14 d’ici à 2030 nécessiterait environ 175 milliards de dollars américains par an, soit une multiplication par 60 des niveaux de financement actuels, toutes sources confondues », a précisé le haut fonctionnaire, pour qui un « avenir bleu » digne de ce nom doit aussi s’appuyer sur l’innovation et la jeunesse. 

Le Secrétaire général de l’Organisation maritime internationale (OMI), M. Arsenio Dominguez a attiré l’attention sur le transport maritime, l’un des secteurs économiques les plus mondialisés, qui assure l’acheminement de plus de 80% du commerce mondial dans un environnement où évoluent de multiples acteurs aux intérêts complémentaires, voire concurrents.  L’adoption et la mise en œuvre universelles des mesures décidées par l’OMI contribuent à créer des conditions de concurrence équitables, afin que les échanges commerciaux puissent se dérouler sans heurts, que les navires soient sûrs et sécurisés et l’environnement protégé.

Les gouvernements ont un rôle crucial à jouer à cet égard, notamment dans un contexte où le secteur maritime connaît des mutations profondes pour répondre aux besoins futurs, a poursuivi M. Dominguez.  En intégrant carburants propres et technologies vertes à des stratégies de gouvernance plus larges, les États mettent en place un cadre propice à l’innovation tout en garantissant la protection du milieu marin, a assuré le Secrétaire général. 

Mme Latoya Cantrell, maire de la Nouvelle-Orléans (États-Unis), a rappelé que sa ville a été construite sur le Delta du Mississippi, « où chaque marée est porteuse d’avenir ».  L’édile a souligné que la durabilité sans équité n’est pas la durabilité, avant d’exhorter à inclure les jeunes et les communautés locales dans les processus de prise de décisions relatifs à la protection des mers et des océans.  De son côté, M. Andrew Forrest, de la Fondation Minderoo, a invité les États Membres à régénérer leurs zones économiques exclusives, en mettant en place des mesures comme celles qui prévalent en Australie, où tout pêcheur qui capture des homards qui ne sont pas supposés être pêchés est sanctionné par la perte de son bateau.  « Maintenant, tout le monde respecte la loi », a-t-il affirmé.

Mme Rebeca Grynspan, Secrétaire générale de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, a appelé à assurer un suivi des émissions de gaz à effet de serre en temps réel pour tous les secteurs océaniques.  En outre, il faut supprimer les obstacles auxquels se heurtent les petits pêcheurs et rendre la traçabilité numérique abordable grâce à des plateformes technologiques.  De même, elle a recommandé de créer un groupe de travail interinstitutions des Nations Unies sur les algues afin de promouvoir les aliments bleus nutritifs et à faible émission de carbone, de remplacer les plastiques par des substituts durables d’origine marine, et de créer des emplois décents pour les communautés côtières grâce à une exploitation durable des ressources océaniques.

Enfin, Mme Grynspan a préconisé de transformer la finance océanique, en lançant un mécanisme de financement unique pour les océans afin de mutualiser les ressources et de réduire les coûts.  Elle a également plaidé en faveur d’une réorientation des subventions néfastes, avant de proposer un « Pacte bleu » doté de 2 800 milliards de dollars pour financer quatre domaines: la conservation et la restauration des algues et des mangroves; la décarbonation du transport maritime et de la pêche; une alimentation et une production durables issues de l’océan; et l’énergie éolienne côtière et offshore.

Une économie océanique durable repose sur la manière dont nous soutenons les communautés et leurs moyens de subsistance, a affirmé à son tour l’Administratrice adjointe du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Mme Francine Pickup a expliqué que ces moyens de subsistance dépendent d’une économie océanique multidimensionnelle – non seulement des industries océaniques, mais aussi de la nécessité de relier la productivité économique des secteurs océaniques à la protection et à la restauration des écosystèmes marins et côtiers. L’initiative Ocean Promise du PNUD répond à ces défis.

Discussion interactive

Antigua-et-Barbuda, au nom de l’Alliance des petits États du pacifique, (AOSIS), a indiqué que ces derniers mettent en œuvre des initiatives innovantes en matière d’économie bleue, de l’aquaculture durable aux Palaos à l’énergie houlomotrice à Maurice, en passant par l’écotourisme aux Maldives.  Aussi la délégation a-t-elle appelé la communauté internationale à réformer l’accès au financement et à investir dans le renforcement des capacités.  Plus que toute autre question, celle de l’océan incarne le mieux l’importance du multilatéralisme, a estimé de son côté le Burundi, pour qui l’aide publique au développement ne suffira jamais à atteindre l’ODD 14.  Il nous faut par conséquent diriger les flux de financements privés vers la transition écologique de nos océans, a préconisé le délégué.  Pour la Norvège, l’économie bleue n’est pas seulement une stratégie, mais « une responsabilité ».  Ce qui signifie qu’il faut investir dans les emplois et la croissance liés à l’océan sans jamais compromettre la santé de l’océan lui-même, en développant l’éolien offshore, en décarbonant le transport maritime et en plaçant les écosystèmes au cœur de la gestion des océans. 

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